Au cours du webinaire organisé par Transfer Room, le directeur technique de l’AS Monaco Carlos Avina a révélé la façon de travailler de l’AS Monaco pendant le mercato et expliqué comment recruter : « Cela commence par une discussion sur nos besoins avec Thiago (Scuro), Adi (Hütter), moi-même et notre équipe. Et puis nous enclenchons, à travers nos scouts, le processus pour qu’ils puissent commencer leur examen. Nous regardons les joueurs que nous avons déjà étudiés par le passé, car les choses peuvent avoir évolué entre-temps, mais nous regardons aussi les nouveaux talents qui peuvent émerger sur différents marchés. On inclut la data dans ce processus, notamment au début, pour marquer ceux qui apparaissent mais aussi à la fin pour comparer et être certains qu’ils correspondront à notre style. » Sur ce dernier point, l’ancien directeur sportif du Cercle Bruges explique « ne pas être guidé par la data » même si celle-ci est utilisée car « elle peut dire des choses sur lesquelles nous pourrions perdre en perception. »
Outre la dimension athlétique et la qualité footballistique, la question de la personnalité et de la psychologie reste centrale dans le processus de recrutement : « La responsabilité de porter le maillot de Monaco est très importante et n’est pas faite pour tout le monde. Pour venir jouer ici, vous devez être fort mentalement, avoir une motivation intrinsèque et un état d’esprit qui peut se développer avec l’ambition de passer au niveau supérieur. Nous avons vraiment mis l’accent sur cet aspect. » Et de poursuivre : « Je crois que cela peut nous emmener à un niveau supérieur et peut éviter de commettre des erreurs ou nous permettre de trouver le bon profil. »
Comment l’ASM procède ? « On le fait de différentes manières, répond Avina. En observant les comportements du joueur sur le terrain. Lorsqu’il n’est pas dans le coup, vous pouvez découvrir beaucoup de choses. Voir le joueur dans son propre environnement est très utile. Il faut essayer d’avoir des renseignements d’une personne proche, de sa famille. Il est parfois difficile de rentrer en contact avec le joueur donc il faut essayer de réunir des éléments pour le cerner autant que possible. Et nous engageons aussi notre équipe de psychologues dans ce processus. Avec leur expertise, on essaie d’analyser certaines interviews ou publications dans les médias pour comprendre s’ils peuvent convenir et s’ils peuvent faire face au niveau de demande qu’un club comme l’AS Monaco produit. »
Près d’une trentaine de scouts travaillent avec Monaco
Si Monaco est sûr de son coup, alors plus de temps à perdre, comme le confie le Mexicain : « Quand nous sommes sûrs à 100%, nous dégainons immédiatement, peu importe que le mercato soit ouvert ou non. Dès que nous sommes prêts à prendre une décision, nous n’attendons pas. Nous ne voulons pas perdre de temps. » Être prêt pour se préparer à toute éventualité, c’est notamment de cette façon que l’ASM a enrôlé Kassoum Ouattara en novembre dernier : « Nous prévoyons toujours pour du court, moyen et long terme afin d’avoir une approche proactive et nous devons être prêts car tout peut arriver. Lorsque Caio Henrique s’est gravement blessé la saison dernière, nous avons dû retourner sur le marché pour signer un joueur. »
Les recruteurs sont d’ailleurs extrêmement nombreux à travailler pour l’AS Monaco : « Notre équipe est composée de 13 scouts internationaux et 16 sur le plan national. Ces derniers sont principalement affectés à la détection des jeunes talents pour notre Academy. Et à l’international, nos équipes couvrent des régions spécifiques et font des prospections basées sur des missions données ou de façon proactive sur des choses qu’ils voient et qui pourraient s’avérer intéressantes. Ensuite, ils nous font un rapport sur une plate-forme ou nous avons des objectifs hebdomadaires et des interactions quotidiennes parfois avec eux. Ils nous signalent tout ce qui leur paraît intéressant. Ensuite nous devons regarder de plus près et évidemment, nous préférons les superviser en vrai avant de prendre une décision. Je ne crois pas que nous ayons déjà signé un joueur sans l’avoir vu en vrai. »
Être plus créatifs et trouver de nouveaux marchés
Cette méthode amène forcément une concurrence toujours plus féroce, en particulier sur le marché des jeunes joueurs à fort potentiel. Une contrainte avec laquelle l’ASM est bien obligée de composer : « Le niveau de compétition pour les jeunes joueurs, est énorme et cela va continuer à évoluer. Une partie de notre responsabilité est de trouver des alternatives à cela. En fin de compte, cela vous oblige et vous pousse à être plus créatifs dans nos prospections, sur les différents outils que vous utilisez pour trouver le talent caché que tout le monde cherche. »
Que font d’ailleurs les décideurs monégasques, et en particulier Avina, lorsque le mercato est fermé ? « Nous sommes toujours en train d’analyser pour comprendre les tendances du marché et essayer de garder un temps d’avance sur la courbe d’évolution, répond le directeur technique asémiste. Nous rencontrons nos recruteurs basés dans le monde entier, nous essayons de les faire venir ici pour les briefer, analyser et comprendre les principales difficultés ou défis que nous avons rencontrés et les solutions que nous avons apportées. »
