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Giuly : « Si j’avais été une chèvre, j’aurais pris des gifles »

Dans une interview sur la chaîne Youtube *Colinterview*, Ludovic Giuly a longuement évoqué son passage à l’AS Monaco, et notamment son arrivée. C’est notamment grâce à Jean Tigana, qui l’avait découvert à Lyon, que Giuly a signé à l’ASM : « *Au mois de décembre (1998, ndlr), je reçois deux appels : Rolland Courbis, pour aller à Marseille, et Jean Tigana pour aller à Monaco. J’ai 20 ans, je ne sais pas ce que je dois faire. Je n’ai pas dormi pendant une semaine. Mais dans la vie, je crois qu’il ne faut jamais oublier d’où on vient et ce qu’on a fait pour toi. Je me suis posé un soir et je me suis dit :*  “Ok, Ludo, tu sais que le football c’est à Marseille. Par contre, il y a un mec qui t’a sorti de la me*** * et t’a fait signer pro sur un entraînement. C’est Jean Tigana.” *Donc à un moment donné, il faut rendre la pareille, et c’est pour ça que je suis allé à Monaco.* »

Mais Giuly ne va pas profiter très longtemps de Tigana, démissionnaire, et qui sera remplacé par Claude Puel. Plutôt attaquant de soutien à son arrivée, Puel va en faire un milieu offensif excentré et l’installer au poste où Giuly fera toute sa carrière : « *Quand il m’a mis sur le côté, c’était simple pour moi : décrochage, profondeur, un peu à l’intérieur… j’étais plus structuré dans mes déplacements et dans mes courses. Ça m’a permis de me concentrer sur ce que je savais faire de mieux.* » Puel lui aussi permis de progresser sur l’aspect physique et mental : « *Avec Puel, tu ne lâches rien, tu deviens encore plus compétiteur. Pendant notre préparation, je ne pensais pas pouvoir me dépasser et faire autant de choses. Il a cassé le cadenas.* »

Puis Deschamps arrive et va faire de Ludovic Giuly un de ses hommes de base et le responsabiliser comme capitaine de l’équipe : « *La première année, il se loupe. Il prend cinq ou six Italiens, des anciens (…), on est nuls et on a dépensé des millions pour ces joueurs-là. La deuxième saison, il s’est excusé dès le premier jour et nous a demandé si on était d’accord pour repartir à zéro. J’étais son capitaine, il avait besoin de relais. Il m’a beaucoup dit* “Ludo, j’ai besoin de toi, comment tu sens le groupe, dis ça à untel, il est pas bien va lui parler, etc…” *Il m’a donné des responsabilités, il comptait sur moi. Moi, je pensais que capitaine c’était juste pour discuter des primes. Mais il m’a donné plus de latitude.* »

Et d’enchaîner avec un exemple : « *Il m’a dit d’être honnête avec mon groupe. Par exemple, les entraînements étaient un vrai problème. Comme j’étais explosif, j’avais besoin de garder du jus pour le samedi. Des joueurs comme Rothen, Squillaci, Givet, Zikos, Bernardi, il aimaient s’entraîner. Moi dans la semaine, j’avais besoin d’un jour ou deux pour souffler parce que j’arrivais pas à bien récupérer. Je leur ai dit :* “Le samedi vous pouvez compter sur moi par contre y a un jour ou deux dans la semaine où je vais être off.” *Le discours est passé tout seul parce que le samedi se passait super bien. Si j’avais été une chèvre, j’aurais pris des gifles. On a travaillé tous ensemble main dans la main et ça s’est bien passé.* »

Un Didier Deschamps qui l’a aussi encouragé à aller voir ailleurs pour goûter au plus haut niveau européen : « *Là où il m’a changé, c’est parce que je disais à Didier que je me sentais bien ici, que je me voyais bien y finir ma carrière. Et là il me dit :* “Bien sûr que c’est bien, ici. Mais Ludo, t’es à la moitié du chemin. Va au sommet de la montagne, va voir ce qu’il y a en haut, c’est encore mieux. Si t’as envie d’aller au sommet, va au sommet, mais fais-le parce que t’as des ambitions, pour pour moi ou pour un autre. Tu as les qualités pour le faire. Après si tu veux rester vingt ans à Monaco, t’as le droit, mais n’aie pas de regrets après.” *J’avais du mal à situer ma véritable valeur dans le foot.* »

Giuly finira d’ailleurs par quitter l’AS Monaco, en proie à de grosses difficultés financières. Une décision aussi liée au groupe et à la situation du club : « *Moi je voulais pas spécialement partir. Quand on fait l’épopée, il n’y a que Morientes qui part. Je dis au président (Svara, ndlr) que si on garde Morientes, tout le monde reste. Avec ce qu’on est en train de vivre, si on garde le même groupe, on va tout exploser. Il ne nous manquait qu’un joueur costaud sur chaque ligne. Mais Nando coûte cher même s’il aurait pu s’arranger, avec la fiscalité, mais le président ne pouvait pas. Rothen il voulait aller à Paris. alors qu’il avait des touches pour aller à Chelsea, au Barça. Je lui ai dit, à Jérôme, d’attendre un petit peu, qu’il reviendrait à Paris plus tard. Mais non, il a fait sa tête de mule pour aller là-bas.* »

Finalement le lutin monégasque rejoindra le Barça, non sans avoir été courtisé par Chelsea lui aussi : « *On m’avait dit que le coach gagnant de la Ligue des Champions irait à Chelsea. Et Mourinho et Deschamps sont d’accord pour que je vienne. Puis finalement après la finale, Chelsea appelle pour dire qu’ils ne me veulent plus. Deux jours plus tard, mon agent m’appelle pour me dire que le docteur du Barça vient chez moi faire une échographie. Je lui dit que c’est rien, que c’est pas grave alors que j’avais super mal. Il fait son truc, il me dit :* “On t’appelle dans deux-trois jours” *il repart, il me dit pas si c’est grave ou pas. Ils ont finalement été rassurés par ma blessure, m’ont dit que j’en avais que pour un mois et le lendemain, je suis allé à Barcelone.* »

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