En six saisons à l’AS Monaco, Djibril Sidibé a vu un bon nombre d’entraîneurs défiler à La Turbie, avec des fortunes bien différentes. Leonardo Jardim, qui a fini de le convaincre de rejoindre la Principauté, excellait dans la gestion de son groupe, comme il l’a confié sur la chaîne de *Colinterview* : « *Jardim avait cette faculté à bien gérer son groupe. Avec lui, c’est donnant-donnant. J’avais besoin d’aller voir ma famille trois jours, il me dit :* Tu reviens en fin de semaine mais ce week-end, tu as intérêt de me faire une grosse performance. *Tu as envie de t’arracher pour lui. Jardim avait cette capacité à bien gérer les anciens et les jeunes. C’était formidable.* »
Même s’il a parfois été critiqué par certains anciens joueurs pour son entêtement et son manque d’ouverture, Sidibé considère que c’était pourtant dans le management qu’il était le meilleur : « *Son truc, c’était le relationnel. Sur l’aspect technique, il te scanne si tu es le type de joueur qu’il aime et qu’il veut dans son équipe. Si tu rentres dans sa tête et que tu fais partie des joueurs avec qui il souhaite travailler, ça va bien se passer. Par contre, si tu es une tête de mule, que tu ne veux pas travailler ou que tu flambes, il ne va pas te mettre au placard mais il va te faire comprendre que tu n’es pas sur les bons rails.* »
Et, comme c’était souvent rapporté, les séances de Jardim étaient moins portées sur le physique que sur le travail avec ballon : « *Ses entraînement, ce n’était pas la grande rigueur. Il donnait beaucoup de consignes mais toujours très simples. C’était souvent ludique, plus technique et pas trop physique. Souvent, il faisait des exercices où à la fin il nous laissait choisir nos équipes et nos positions, histoire de stimuler tout ça et apporter un peu de folie. Il parlait beaucoup à ses joueurs. C’est ce qui fait sa force et qui a fait qu’à Monaco, les joueurs pouvaient jouer libérés. Les joueurs jouaient sans pression et à partir du moment où tu es bon, il n’y avait pas de problèmes avec lui.* »
Si Jardim a connu le succès à Monaco, on ne peut pas en dire autant de Thierry Henry, dont le passage sera bref. Bref mais intense pour Sidibé, qui a trouvé un véritable passionné de football : « *C’était une de mes meilleures rencontres, humainement. On parlait pendant des heures. Il fait partie des personnes avec une connaissance du football vraiment au-dessus de la norme. Je le classe légèrement en dessous de Mounir Obbadi avec qui j’ai joué à Troyes, qui est encore au-dessus.* »
L’aventure monégasque de Thierry Henry sera marquée par les mauvais résultats mais aussi par un nombre de blessés record : « *On était excité. La difficulté, c’est qu’il était avec des minots qui sortaient à peine du centre de formation alors que tu as la Ligue des Champions. On avait 21 blessés. Moi, Golovin, Falcao, Glik, Jemerson, qui étions les joueurs avec une certaine maturité et expérience, on était à 40-50% de nos moyens. Du coup, on ne pouvait pas l’aider tout de suite. C’était très, très compliqué.* »
Et si Henry a voulu se montrer ambitieux dans ses principes de jeu, il s’est aussi heurté aux limites techniques de ses joueurs : « *Lui, il a connu l’exigence du très haut niveau avec des schémas fluides. Quand on te dit de faire une transversale, pour lui, il n’y a pas de question à se poser. Mais pour certains c’était compliqué. Dans son quotidien, ces situations n’arrivaient peut-être qu’une fois par trimestre. Là, ça arrivait trop souvent. Nous on voulait que les choses se fassent comme lui nous les expliquait, mais il y avait un fossé. Certains joueurs s’entraînaient avec nous pour la première fois.* »
Si la situation de l’ASM était très critique, Sidibé reste persuadé que le maintien aurait pu être acquis avec Thierry Henry : « *On avait la pression. Il fallait des résultats et on n’avait pas beaucoup de temps. Cela ne nous a pas empêché de travailler. Il y a eu des écarts de notre part, peut-être aussi de sa part, mais ça partait d’un sentiment où on voulait construire et réussir. Et au moment où on a commencé à sortir la tête de l’eau, c’est là qu’il s’est malheureusement fait licencier. La direction a pris la décision mais je pense qu’on aurait pu se maintenir avec lui également. Il a une connaissance et une exigence du très haut niveau qui est au-dessus de la norme mais les moyens n’étaient pas au rendez-vous pour lui.* »