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Sidibé : « Je me suis demandé ce que je foutais ici »

Dans un long entretien avec *Colinterview* sur *Youtube*, Djibril Sidibé a retracé son parcours et son aventure avec l’AS Monaco. Le joueur formé à Troyes a notamment évoqué son arrivée en Principauté en provenance de Lille, malgré l’intérêt d’Arsenal : « *Arsène Wenger me voulait mais pour jouer à gauche. Moi, je voulais aller dans un club qui pouvait me permettre de devenir une référence à mon poste, donc arrière droit ou arrière central. Cette option de jouer à gauche dans un très grand club, un club mythique, et d’être remplaçant, ce n’était pas très emballant. À partir du moment où Monaco s’est présenté, c’était le jackpot. (…) La seule condition pour moi, c’était d’échanger avec l’entraîneur, et ça s’est fait assez rapidement.* »

Leonardo Jardim a donc pris son téléphone pour appeler le latéral droit et pour le convaincre de signer à Monaco. Une conversation express puisque le coach Portugais n’a pas tourné autour du pot : « *Ça a été simple. Il m’a dit :* « Je te connais, en plus quand on a joué contre vous, tu nous as assommé en mettant le quatrième but. Les scouts m’ont montré ta vidéo et je te veux dans mon équipe. Fais-moi confiance : Fabinho ira au milieu de terrain et toi à droite. » *Ça a duré trois minutes trente. Il ne s’est pas éternisé à faire des calculs, et ça j’aime bien.* » Un discours qui a porté ses fruits donc, puisque Sidibé a débarqué à l’ASM en juillet.

Et le défenseur va devoir se pincer en arrivant : « *Je suis arrivé tard, et on part directement en stage en Autriche. J’ai plein d’anecdotes, entre les mecs en retard, ceux qui ne se sont pas réveillés de la sieste ou qui prennent le taxi pour venir au centre d’entraînement. On fait une opposition, ça s’insulte en espagnol, t’as l’entraîneur adjoint qui lâche son sifflet et qui part et t’as Falcao, à un moment donné, qui prend la parole et qui nous dit :* « Si vous croyez qu’on va passer les tours de Ligue des Champions, vous rêvez ! ». *Et il commence à insulter puis il part. Je me dis :* « Qu’est-ce que je fous ici ? » *»*

Une ambiance presque surréaliste pour l’ancien Lillois, mais la mayonnaise va vite prendre pour aboutir à l’une des plus belles saisons du club : « *C’était étrange, c’était électrique. On s’embrouillait pas, mais au niveau des jeux, ça s’insultait, faute, pas faute, ça s’insultait, etc… À partir du moment où on passe Fenerbahce et Villarreal, on a obtenu ce qu’on voulait. L’adrénaline monte, et là, c’est parti. Là, on commence à faire des choses ensemble, des restos, ça chambre, etc… C’était une ambiance incroyable, homogène, avec des jeunes et des anciens. C’était une aventure dont tu n’as pas envie qu’elle se termine.* »

Cela sera pourtant le cas, puisque bon nombre de joueurs quitteront le club à l’issue de cette saison. Sidibé aurait d’ailleurs pu partir lui aussi : « *Le club me fait rester. Je n’étais pas dans l’obligation de partir. Aujourd’hui plus tu as d’options, mieux c’est, et c’est un bon problème quand des clubs te sollicitent. Manchester City et d’autres clubs ont contacté mon agent, mais là ou je voulais aller, c’était à l’Atlético Madrid. Je voulais m’enlever un peu cette étiquette de contre-attaquant car je voulais être une référence comme un vrai défenseur. (…) Les discussions ont été compliquées, il y a eu un peu de gourmandise de la part du club. J’étais vraiment frustré car c’était la meilleure opportunité de m’améliorer comme défenseur. Ça s’est joué à quelques millions.* »

La suite sera plus compliqué : « *Il y a eu un changement brutal. Sur onze titulaires, tu perds six joueurs. Même si le club a fait un effort, c’est quasi impossible de les remplacer et d’avoir un rendement immédiat. Ces joueurs-là étaient bons, mais par rapport à ce qu’on avait vécu, il y avait un décalage. Les automatismes et les résultats n’étaient plus les mêmes. Ça s’est ressenti directement. (…) Puis l’année d’après il y a encore des départs. Si tu as des joueurs qui n’ont pas eu l’habitude de jouer des matchs de très haut niveau, qui ont un peu de stress, tu te fatigues plus, tu provoques des blessures. Il faut des joueurs qui ont un niveau international, qui ont une réflexion, une maturité, qui sont capable de gérer ces situations sur le terrain et en dehors, chose qu’il n’y avait plus du tout. En l’espace de deux-trois ans, ça s’est effondré.* »

Cet été, l’ASM a décidé de refermer le chapitre Sidibé. Une fin difficile pour le champion du monde 2018 : « *Je suis partagé. Je vais pas dire mauvaise mais bonne dans le sens car j’ai quand même joué même si ce n’était pas ce que j’espérais. (…) C’était amer parfois, souvent vers la fin. Je n’ai jamais triché, j’ai toujours fait les choses avec sincérité. Ça reste Monaco, c’est là où j’ai eu ma première sélection en Équipe de France, j’ai gagné le championnat. Je suis fier de mon parcours, je n’ai aucun regret.* »

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