Le Centre de Performance de l’AS Monaco a ouvert ses portes à une poignée de journalistes. Plusieurs articles sur la cellule de performance dirigée par James Bunce sont déjà parus, notamment sur The Athletic, Eurosport ou encore Le Figaro. Le journaliste anglais, Luke Entwistle, a également pu rencontrer l’Anglais et a publié cet échange sur le site monacolife.net.
Depuis la saison dernière, l’ASM semble être devenue une référence sur le plan de la performance physique et Philippe Clement est la dernière pierre à avoir été apposée. Si Bunce salue le travail effectué par Niko Kovac, le profil de Clement paraît plus en adéquation avec le travail mené par la cellule qu’il dirige : « Le travail sous Niko Kovac ici a été vraiment important pour changer notre culture et notre philosophie de travail. Il était vraiment doué pour élever le niveau physique de base sur lequel nous avons pu nous appuyer, a-t-il expliqué, tout en précisant qu’il fallait opérer un changement pour continuer la progression. En janvier, et jusqu’à la fin de la saison, il y a eu un grand changement dans notre approche du sprint, son développement, pour s’entraîner plus durement et plus intelligemment, en particulier avec les joueurs qui ne jouaient pas. »
L’effectif du club de la Principauté est monté en puissance en 2022, jusqu’à accomplir une série de dix matchs sans défaite, malgré des débuts compliqués. Un véritable challenge pour Bunce et Clement : « Le défi pour Philippe Clément, et pour nous, était d’essayer de construire cela en cours de saison, tout en jouant trois compétitions à la fois, sans causer de grosses blessures, et sans perdre beaucoup de matchs au point que cela rende notre travail superflu. C’était le grand défi. C’était comme une pré-saison dans une saison quand Philippe est arrivé », a-t-il détaillé. Comment Bunce collabore avec Clement ? « Mon travail, et celui de tous les autres, est d’essayer de lui fournir des informations pour que son équipe soit plus performante. Mais il doit aussi être capable de prendre les décisions d’un point de vue technique, tactique et mental. Donc, tout est question de collaboration. »
Et le Directeur de la performance s’est montré dithyrambique envers le coach belge : « C’est un esprit logique. Il regarde tous les détails et il est très ouvert à la collaboration, affirme-t-il. C’est un ingénieur de formation. (…) Il sait faire les bons choix et mettre en place un processus pour atteindre un objectif et cela correspond parfaitement à la façon dont il faut penser l’entraînement. Il est vraiment le meilleur entraîneur que j’ai vu pour essayer de construire ces blocs sur un parcours individuel, car tout le monde ne peut pas suivre le même entraînement. » Avant d’ajouter : « Vous êtes constamment en train de construire ces blocs, mais ils sont aussi constamment en mouvement. Philippe a un esprit incroyable pour bien faire les choses et poser les bonnes questions. C’est là que réside son talent magique. En plus de cela, il est aussi un incroyable technicien du jeu. »
Un travail et un investissement qui ont porté leurs fruits, puisque l’ASM est devenue une des équipes les plus performantes sur le plan physique en Europe : « C’était la plus grande validation de notre travail : que les entraîneurs adverses et nos propres joueurs parlent de l’avantage physique qu’ils estimaient que nous avions. Nous ne savions pas que les chiffres seraient parmi les meilleurs d’Europe. Nous n’avions pas en tête un objectif comme entrer dans le top cinq européen. C’est une belle conséquence du travail que nous avons fait. Mais c’est aussi agréable d’entendre de nos propres joueurs qu’ils peuvent encore courir à la 90e minute et de l’opposition que nous n’arrêtons jamais. » Bunce assure qu’il ne pensait pas que le groupe pouvait atteindre un tel pic de forme : « Avions-nous imaginé qu’il y aurait 10 matches sans défaite et que nous monterions sur le podium ? Probablement pas. Mais c’était une vraie validation d’un travail acharné, des moments heureux et tristes traversés pendant ces six mois pour essayer d’amener l’équipe à un niveau qu’elle n’avait jamais atteint. »
Et pour lui, impossible d’envisager de voir l’équipe en difficulté sur ce point : « Ma responsabilité est de m’assurer que nous ne perdons jamais un match parce que nous n’avons pas physiquement la capacité d’y faire face. Je pense qu’il y a des exemples de certaines grandes équipes en Europe qui ont du mal à faire face à cela. On ne veut pas que les gens disent : « Ils sont morts là, ils ont craqué à la 90e minute parce qu’ils se sont fait écraser ». C’est ce que nous devons gérer. Nous n’avons pas pour objectif d’être numéro un. Ce n’est que lorsque nous avons commencé à regarder en arrière que nous nous sommes dit « Wow, c’est fou à quel point nous avons pu changer. » »
Pour mettre en place cette stratégie, l’ASM doit aussi trouver les profils de joueurs capables de s’adapter à cette méthodologie, ce qui rend la phase de recrutement d’autant plus critique : « L’entraînement est important, mais il faut aussi accorder beaucoup de crédit au recrutement, qui est lui-même volontaire et ciblé : on cherche des profils jeunes, athlétiques, et qui peuvent jouer à haute intensité. Je ne suis en aucun cas un expert en football, mais j’y participe avec Paul (Mitchell) et surtout avec Lawrence (Stewart), en identifiant des talents comme un Ismail Jakobs, qui est le joueur le plus rapide de notre équipe, comme un Vanderson qui fait tout ce qui est possible pour réussir. Il s’agit de trouver les bons profils afin de disposer des ingrédients nécessaires à la construction d’un joueur. »
Et l’ASM sera forcément attendue au tournant dès la reprise, avec un calendrier dantesque. Bunce explique comment travaille l’équipe en période de pré-saison : « Nous réfléchissons vraiment à tout ce que nous faisons. Nous faisons ce que l’on appelle la révision des 10 matchs, c’est-à-dire qu’après chaque 10 matchs, moi-même, Paul, Lawrence, l’entraîneur, les médecins, nous nous asseyons tous dans une pièce et nous discutons de ce que nous avons fait, si nous aurions pu faire mieux, s’il y a des problèmes, et nous essayons de toujours revoir et améliorer. Dans ce cadre, nous examinons les pré-saisons précédentes, et c’est la première pré-saison de Philippe, et nous réfléchissons à ce que nous devons faire pour être mieux préparés. Nous pensons que nous devons nous donner suffisamment de temps pour être prêts pour le troisième tour qualificatif. »
Et l’Anglais se veut confiant : « La partie principale du travail de notre équipe est de dire que nous voulons que chaque joueur du groupe puisse jouer deux matchs par semaine, chaque semaine. Les données nous montrent ce niveau de confort. (…) Philippe a parlé d’un sprint dans un marathon et je pense que c’est une très bonne analogie de ce que nous avons à faire. Nous devons gagner l’un des matchs les plus importants de la saison dès le début, tout en nous préservant parce que nous devons encore être performants jusqu’en mai. Donc pour nous, revenir plus tôt, c’était nous donner six bonnes semaines de progression, pour nous permettre d’être prêts à jouer 14 matchs en sept semaines. Cela n’a jamais été fait. Nous sommes donc unis par ce que nous allons vivre. Peu de gens ont la capacité d’imaginer ce à quoi cela pourrait ressembler, donc nous essayons de développer le meilleur programme possible. »
L’intégralité de l’interview est à retrouver sur le site monacolife.net
Photo : AS Monaco