Dans l’entretien de Paul Mitchell donné à Nice-Matin, il a aussi été question de l’aspect sportif et du début de saison mi-figue, mi-raisin de l’AS Monaco : « Avec le coach, le directeur de la performance et toutes les autres composantes du club, on a tout analysé à partir de la pré-saison jusqu’au dernier match. On en est venu à la conclusion que nos débuts étaient entre ‘okay’et ‘solides’, principalement parce qu’on a probablement hérité du calendrier le plus difficile de L1. Bien sûr, on a eu des matchs délicats mais on a aussi dû faire face, comme d’autres clubs à certaines décisions arbitrales litigieuses. »
Pour le Directeur sportif, « le manque de régularité dans les résultats et dans le jeu ternit un peu notre début de saison. » Mitchell attend donc plus des joueurs : « On est tous conscient que ce groupe a le potentiel pour faire beaucoup mieux. Notre identité de jeu, on l’a vue sur certaines séquences contre Strasbourg ou récemment contre le Stade de Reims. On a montré toutes nos qualités contre Paris. Mais entre-temps, on a aussi eu des périodes de moins bien comme la défaite en Ligue Europa ou celle contre Troyes à la maison. Je vois la direction qu’on est en train de prendre dans le jeu, et c’est très positif. J’insiste mais notre réussite passera par plus de consistance et c’est ce que j’attends du groupe dans les prochaines semaines. »
Rivaliser avec Paris
Alors qu’on attendait une ASM plus conquérante en début de saison, peut-être capable de tenir la dragée haute au PSG, force est de constater que l’écart s’est encore agrandi, ce qui ne cadre pas avec les ambitions clamées par Mitchell à l’intersaison : « Comme on ne peut pas rivaliser au niveau des investissements, il faut être malin, innover, trouver d’autres chemins. Il faut se challenger chaque jour, c’est pourquoi on est beaucoup dans l’analyse de tout ce qu’on peut améliorer pour combler cet écart. Ce ne sera pas facile, les sommes d’argent que Paris dépense lui permettent de créer cette différence avec les autres équipes françaises. Mais on a prouvé en devenant champion (2016-2017) et Lille encore plus récemment que c’était possible. »
Sur les investissements réalisés cet été, Monaco a été raisonnable : « Depuis que je suis ici, je crois qu’on est seulement le cinquième club de L1 en termes de dépenses. C’est un challenge supplémentaire mais ce n’est pas une frustration. On l’a accepté. On se devait d’adopter un modèle de recrutement plus stable et durable, moins clinquant. Je comprends que ça puisse être frustrant pour nos supporters qui aimeraient que de grands noms rejoignent le club. Il faut être clair. Il y a un historique à prendre en compte. Je ne suis pas seulement le ‘gardien’ de nos résultats sportifs mais aussi de la bonne santé de toute notre organisation. On ne peut pas se détourner de cette responsabilité. »
Mitchell veut plus de joueurs formés au club en pro
Pour Mitchell, c’est un challenge supplémentaire qui lui plaît : « On me l’a souvent demandé ces derniers temps. Mon CV montre que je suis un homme de projets. Autour de moi, tout le monde sait qu’après une défaite, je ne suis pas la personne la plus agréable avec qui passer un moment. Je veux toujours gagner, mais c’est aussi une question de contexte. Vous l’avez dit, on ne dépense pas autant que d’autres équipes mais on a des ambitions similaires. Or performer comme on l’a fait ces deux dernières saisons dans le contexte qui est le nôtre est une victoire. Mais si je devais travailler pour quelqu’un qui veut seulement gagner et rien d’autre, je pense que j’en serai également capable. »
Dans le projet de l’AS Monaco, les jeunes joueurs sont importants et Paul Mitchell s’est d’ailleurs félicité de voir Badiashile et Fofana appelés en Équipe de France : « Ils nous ont rendus extrêmement fiers. Ils ont eu un vrai impact. Quand vous avez la chance d’être appelé en équipe nationale, c’est votre moment. C’est une audition pour convaincre votre coach, vos coéquipiers. » Pour lui, cela a toujours été dans l’ADN de l’AS Monaco de « développer des joueurs pour l’Équipe de France », regrettant que le club se soit « un peu perdu en chemin de ce côté-là ». Mais le travail paie car les sélections ont été nombreuses récemment : « Lors de cette trêve internationale, on a eu 15 préconvocations dans les équipes de jeunes, un record depuis mon arrivée ici, et 7 ont été sélectionnés. On voit qu’on est sur le bon chemin. »
Mais Mitchell veut viser plus haut que les sélections jeunes et espère voir davantage de joueurs formés au club évoluer avec l’équipe pro : « J’aimerais voir encore plus de joueurs issus de l’Academy dans notre équipe première et encore plus de joueurs de chez nous en sélection. J’ai hâte de voir jusqu’où cette équipe peut aller dans les deux ans à venir. Avoir de tels résultats (deux podiums) avec une équipe aussi jeune, c’est un bel accomplissement. Mais on peut tirer encore plus de ce groupe. Je ne mets pas de plafond de verre sur nos ambitions, on doit rester humble mais continuer à pousser. »