Ce samedi, Thomas Didillon devrait faire ses premiers pas en match officiel avec l’AS Monaco face à Rodez. Si le gardien de 27 ans n’a pas encore disputé la moindre minute cette saison, c’est parce que la hiérarchie des gardiens est bien définie et que celle-ci ne lui permet pas de prétendre à la place de numéro un, dévolue à Alexander Nübel. Un rôle de doublure dont l’ancien messin s’accommode parfaitement, d’autant que son apport à l’ASM se fait plutôt dans l’ombre.
Formé au FC Metz, Thomas Didillon a sans doute eu le club de la Principauté en horreur pendant quelques temps, après en avoir été la victime préférée lors de sa première saison dans l’élite. En 2016-2017, le natif de Séclain avait en effet encaissé 12 buts en deux matchs et aucun autre gardien n’avait fait pire cette saison-là. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et Didillon est devenu une valeur sûre, notamment dans le championnat belge. Après deux saisons à Anderlecht et une autre en prêt à Genk, il rejoint le Cercle Bruges en 2020 alors que son nom était un temps évoqué pour venir garnir les rangs asémistes.
Cela aura pris un peu plus de temps que prévu mais c’est finalement arrivé et sans doute pas de la même manière dont cela aurait pu être envisagé deux ans plus tôt. Prêté par le Cercle Bruges, club satellite de l’ASM, Thomas Didillon a accepté de jouer les lieutenants et les coéquipiers modèles pour cette saison. Présent à la reprise de l’entraînement en juin, il a finalement convaincu le staff et les dirigeants de le conserver après un mois au contact du groupe : « Avant son stage, nous avions cette idée dans la tête mais nous voulions voir comment il se sentait ici et s’entendait avec les joueurs et le vestiaire », a affirmé Philippe Clement.
PAS LÀ POUR CONCURRENCER NÜBEL
Si l’on écoute l’entraîneur flamand, la situation des gardiens de buts semblait plus complexe à gérer la saison passée : « Nous avions trois gardiens qui voulaient être numéro un et qui l’étaient dans leurs têtes. (…) C’était une bonne concurrence avec du respect mais pour les deux qui ne jouaient pas, c’était plus compliqué. Ils avaient de plus grandes ambitions. » À l’intersaison, le problème a été réglé puisque Vito Mannone, en fin de contrat, a quitté le club, tandis que Radoslaw Majecki a fait le trajet inverse de Thomas Didillon pour être installé comme numéro un au Cercle Bruges.
Le test a donc été concluant pour l’ancien international Espoirs et sa présence permet au staff d’avoir une gestion du groupe des gardiens plus saine avec des statuts clairement identifiés. Pour Didillon, c’est donc celui de numéro deux : « C’est très spécifique. Il y en a qui font ça toute leur carrière, a expliqué Clement. Pour nous, c’était important d’avoir des joueurs expérimentés dans ce vestiaire, pour aider les jeunes joueurs de par leur expérience et leur professionnalisme en étant un leader. Pour l’instant, il a prouvé tout ce qu’il pouvait apporter à l’équipe. »
Et des propos mêmes de l’intéressé, il s’adapte très bien à son nouveau rôle : « C’est pour cela que je suis venu, pour pousser Alex (Nübel) à son meilleur niveau et continuer à développer Yann (Lienard) qui a fait de gros progrès ces derniers mois. J’aime bien me voir comme le catalyseur qui tire le meilleur de tout le monde et ça me sert car je sens que j’ai progressé moi aussi. Avec Frédéric De Boever (l’entraîneur des gardiens, ndlr) on a une vraie symbiose, c’est quelque chose d’assez unique que je n’ai pas beaucoup rencontré dans ma carrière. »
UN APPORT QUI VA AU-DELÀ DU TERRAIN
C’est donc hors du terrain que la présence de Didillon s’affirme pleinement. Celui qui envisageait de devenir médecin ou chirurgien et qui notamment obtenu son bac scientifique avec mention, n’a rien perdu de son sens de l’empathie pour le mettre à disposition de ses coéquipiers, avec Alexander Nübel notamment : « Je ne suis pas là pour le mettre mal à l’aise mais pour le mettre dans les meilleures conditions. (…) Mon rôle s’arrête là mais s’il venait à être perturbé, je discuterai avec lui pour lui apporter mon soutien en tant que collègue. ». Ce que Philippe Clement a confirmé à son tour : « Il y a aussi l’idée de laisser grandir Alex. »
Le gardien de 27 ans sait que son rôle l’oblige à se tenir prêt à tout moment pour remplacer au pied levé le titulaire du poste, mais en attendant, il assume d’être un relais précieux et privilégié pour le technicien belge : « Dans une plus large mesure, j’essaie de sonder les atmosphères, les états d’esprit, les frustrations, et faire en sorte que tout le monde puisse donner le meilleur de soi-même dans les meilleures conditions lorsque le coach fait appel à tel ou tel joueur. »
Si Monaco a engagé deux psychologues récemment afin d’améliorer l’accompagnement des joueurs, Thomas Didillon perçoit son rôle comme complémentaire grâce à son vécu : « Je ne suis pas psychologue à plein-temps mais je suis persuadé que mon expérience peut avoir un impact sur de jeunes joueurs. Le ressenti du vécu est important pour eux et c’est un plaisir de le faire car ce sont tous de bons mecs. Parfois, ils ont juste besoin d’entendre les bons mots. » Contre Rodez, c’est lui qui sera sous les feux des projecteurs et ce sera pour une fois à d’autres de trouver les bons mots.