Le 28 décembre 2022, Eliesse Ben Seghir a révélé son talent à toute la France avec un doublé contre Auxerre pour sa première rencontre de Ligue 1. Forcément, le visage de ce nouveau venu à intrigué et donné envie d’en savoir plus. Mais seulement quelques jours après cet exploit, Philippe Clement annonçait que le joueur, alors âgé de seulement 17 ans, serait protégé médiatiquement et ne donnerait aucun entretien avant plusieurs semaines, le temps pour lui d’assimiler ce nouveau statut et de grandir. En mars, l’embargo a été levé par l’AS Monaco et c’est le magazine Codesport-Monaco qui a eu l’honneur de réaliser la première interview de la nouvelle pépite monégasque.
Le milieu de terrain a notamment raconté sa première apparition en championnat : « J’ai compris assez rapidement qu’il y avait de fortes probabilités que je fasse mes débuts en Ligue 1 car le préparateur physique m’a demandé d’intensifier mon échauffement avec Youssouf (Fofana) et (Aleksandr) Golovin à la fin de la première mi-temps. Dans le vestiaire, l’entraîneur a annoncé des changements tactiques et prononcé mon nom. Tout se bouscule très vite dans la tête. Quand on t’annonce que tu vas entrer dans ce contexte, tu cherches simplement à être prêt. Tu t’échauffes du mieux que tu peux pour être performant. Je dois cependant avouer que j’ai repensé à mon parcours lorsque le quatrième arbitre a levé son panneau avec mon numéro. Je me suis dit « ça y est, ta carrière commence ». Et je trouve que mes débuts se sont plutôt bien déroulés… (Il sourit) ».
Le deuxième but inscrit par Ben Seghir contre Auxerre, qui a donné la victoire à l’ASM à la 85e minute, a rendu fou de joie l’intéressé : « Les émotions prennent le dessus. Vous avez vu ma célébration ? Je cours partout, je crie. Youssouf est aux premières loges et il n’en revient pas lui aussi. (Il rit et reproduit, main sur la bouche, la réaction de Fofana) Ce but, c’est un truc de fou ! ». L’international U19 a expliqué pourquoi il était allé voir les supporters monégasques en parcage pour célébrer : « C’était naturel d’aller voir les supporters. J’ai des souvenirs de matches à la télé où les joueurs se jetaient dans la foule pour être au plus près des fans, pour partager leur engouement. J’ai ressenti le besoin d’aller les voir. Transmettre ta joie et recevoir la leur, je trouve ça beau. En plus, à Auxerre, le kop était plein. »
Si on retient surtout son match d’Auxerre, sa carrière avait toutefois débuté un peu plus tôt, avec une entrée en jeu contre l’Étoile Rouge Belgrade en Ligue Europa (le 3 novembre) : « C’était incroyable ! Il restait cinq minutes au tableau d’affichage quand on m’a fait signe de me préparer. J’ai senti une montée d’adrénaline et, en même temps, une émotion intense. Mes coéquipiers m’ont encouragé pour mes premiers pas, et je me suis senti à l’aise sur le terrain. » Mais c’est surtout la trêve liée à la Coupe du monde qui lui a permis de s’installer dans le groupe : « La trêve hivernale a été déterminante puisque le départ de certains joueurs à la Coupe du monde a permis de faire monter les jeunes et qu’ils puissent s’exprimer. Il y avait une carte à jouer lors des matches amicaux. (…) L’entraîneur a décelé en moi quelque chose d’intéressant pour le schéma qu’il souhaitait mettre en place. »
Des attentes à gérer
Le natif de Saint-Tropez assure qu’il ne prendra « jamais la grosse tête » et que s’imposer définitivement dans le monde professionnel était l’étape la plus importante de sa jeune carrière : « Le plus dur commence, parce que tu crées de l’attente chez les gens. Tu vas devoir répéter les mêmes « prouesses » pour ne pas qu’ils pensent que tu as eu de la chance. Confirmer, essayer d’être le plus régulier et répondre aux attentes, c’est la partie du contrat la plus difficile à remplir pour un footballeur. Je sais que je suis très jeune, que je ferai des erreurs et que je passerai malheureusement au travers de quelques matches. Cela ne m’empêchera pas de continuer à travailler pour gagner en régularité. »
Même s’il reconnaît que sa vie « a pris brusquement un tournant », avec des sollicitations qui se sont « multipliées » ces dernières semaines, il garantit ne pas se mettre de pression, lui qui vit toujours dans un studio à La Diagonale, le centre de vie qui accueille les jeunes pousses monégasques, afin de préserver son « équilibre de vie » : « Jouer au foot, c’est mon plaisir. J’ai conscience de l’attente que je suscite, mais je suis en plein rêve quand je cours sur le terrain. Si je joue et que je suis bon, tant mieux ; si je manque des choses, j’en ferai encore plus à l’entraînement. Pour devenir footballeur, il faut accepter les bons et les mauvais jours. (…) J’ai attendu toute ma vie pour vivre ces moments. Donc, non, ce n’est donc pas la notoriété qui va me changer. »