Élément clé dans le 3-4-2-1 d’Adi Hütter et titulaire indiscutable dans l’esprit de l’Autrichien, Caio Henrique devrait manquer plusieurs mois de compétition en raison d’une entorse au genou gauche et une lésion du ligament antérieur. Pour l’heure, il n’est pas certain que le Brésilien soit opéré, et cela dépendra notamment de la gravité de la rupture du ligament, si elle est partielle ou totale. L’évaluation de celle-ci est encore en cours du côté du club, mais le choix d’une intervention chirurgicale aura forcément une influence sur la durée de l’indisponibilité de Caio Henrique.
Sans opération, Caio Henrique pourrait espérer un retour dans les premiers mois de 2024. Avec, en revanche, il faudrait compter une absence jusqu’au printemps, comme pour Breel Embolo. Quoi qu’il en soit, et à quelques jours d’affronter l’Olympique de Marseille (samedi 21h), l’absence du piston gauche va poser un véritable problème à l’AS Monaco, qui se voit priver de son meilleur passeur et du meilleur passeur du championnat, avec quatre passes. Pour Hütter, il faudra parer au plus pressé pour la rencontre de ce week-end, avant d’envisager potentiellement de travailler à plus longue échéance.
Jakobs, la solution la plus évidente
Sans surprise, la première solution de remplacement de Caio Henrique sera Ismail Jakobs. L’international sénégalais, depuis son arrivée à l’ASM en 2021, n’a jamais été perçu autrement que comme la doublure du Brésilien, même si l’an dernier Philippe Clement l’utilisait régulièrement comme milieu gauche en cours de match et en remplacement d’Aleksandr Golovin. Cette saison, Jakobs a été utilisé à quatre reprises comme Hütter, à chaque fois en sortie de banc, et sur un mois et demi de compétition, il ne compte que 14 minutes de temps de jeu avec l’ASM.
Peu habitué à débuter les rencontres (12 titularisations en 2022-2023), Jakobs va devoir rapidement se mettre dans le bain. Il présente toutefois des qualités de vitesse et de contre-attaquant qui devraient lui permettre de se fondre assez facilement dans le système à pistons d’Hütter. Monaco perdra gros néanmoins sur les coups de pied arrêtés mais aussi sur la qualité technique et les centres, qui sont les forces du titulaire au poste. Quid également de la relation technique avec Golovin, qui combinait assez naturellement avec Caio Henrique sur le côté gauche ?
Ce qui est certain, c’est que l’ancien de Cologne tient une opportunité unique de se montrer et d’enchaîner sur la durée, ce qu’il n’a jamais eu l’occasion de faire depuis son arrivée en Principauté. Il a aussi l’occasion de se racheter, après une fin de saison dernière où ses problèmes de comportement ont défrayé la chronique. Mais aussi de ses deux dernières entrées pas convaincantes où il s’est rendu coupable de deux erreurs qui ont amené un but adverse contre Lorient et Nice.
Cartillier en doublure ?
Pour trouver une doublure qui peut naturellement jouer à ce poste de piston gauche, il faut se tourner du côté de l’Academy et notamment du côté du Groupe Élite. L’an dernier, c’est Jordan Semedo Varela qui occupait ce poste mais il a été prêté au Cercle Bruges cette saison. Depuis la reprise, deux joueurs se sont partagé le rôle : Jonathan Bakali et Antonin Cartillier. Le premier est un ancien ailier qui est redescendu d’un cran mais il n’est pas tout à fait certain qu’il soit pleinement intégré au projet du club. C’est surtout sur le second qu’il faut se pencher. Comme Jakobs, Antonin Cartillier tient une occasion unique de pouvoir intégrer le groupe professionnel de façon régulière.
Le jeune défenseur de 19 ans, sous contrat avec l’ASM jusqu’en juin 2025, est apparu à 13 reprises avec le Groupe Élite depuis le début de la saison, pour neuf titularisations. Mais il a aussi déjà été au contact de l’équipe première lors de la préparation, avec deux entrées lors des matches amicaux contre l’Union Saint-Gilloise (1-1) et le Cercle Bruges (0-3) ainsi que pour plusieurs entraînements. Il aurait dû être présent à Liverpool ce mercredi pour jouer avec le Groupe Élite en Premier League International Cup, mais il n’a finalement pas fait le voyage pour rester avec le groupe professionnel, ce qui donne une indication assez nette de la préférence d’Hütter.
S’il est difficile de savoir si Cartillier a le niveau requis pour évoluer au plus haut niveau, son profil semble lui aussi bien coller au 3-4-2-1 d’Hütter. Un profil de jeu, tel qu’il était décrit dans Nice-Matin en 2022 par Frédéric Barilaro, son formateur en U19, qui ne serait pas sans rappeler un certain… Ruben Aguilar, toujours généreux dans l’effort : « Antonin Cartillier a un gros, gros volume de jeu. C’est un contre-attaquant. Il répète énormément de courses, demande en profondeur, a une bonne qualité de centres. » Si Barilaro décrivait son capitaine de l’époque comme « un bon leader », il ajoutait néanmoins qu’il devait « s’améliorer défensivement » et « ne pas toujours partir à l’abordage. »
Hütter peut-il faire un autre choix avec le groupe qu’il a à disposition ? La donne ne semble pas si évidente. En quelques occasions, on a pu voir Krépin Diatta utilisé en tant que piston droit. Un positionnement pas forcément naturel pour l’ailier, pas plus qu’il ne l’est sur le côté gauche. Une autre option pourrait être de former une ligne de trois défenseurs centraux avec Maripan, Zakaria et Magassa, pour permettre Singo de retrouver un rôle de piston. Mais là encore, que ce soit pour lui ou Vanderson, il y aurait le désavantage de jouer sur son mauvais pied.
Joker, mercato et CAN 2023
La question du joker médical avait déjà pu se poser après l’annonce de l’opération de Mohammed Salisu pour une pubalgie, qui lui vaudra aussi plusieurs mois d’absence et un retour probable en 2024 uniquement. Elle peut se poser d’autant plus après l’annonce de la blessure de Caio Henrique, qui sera absent au minimum jusqu’à la nouvelle année. Le recrutement d’un joker est fortement réglementé. S’il n’y a pas de limites pour les joueurs sans club, ce n’est pas le cas des joueurs qui sont déjà sous contrat.
Le règlement de la LFP précise que « cette possibilité de recrutement exceptionnel est strictement limitée à un joueur par club » et ne peut concerner qu’un joueur évoluant en France. C’est ce dernier cas qui a notamment permis à Toulouse de fait revenir Stijn Spierings au début du mois de septembre. Pour un joker médical, les conditions sont encore plus draconiennes. L’option peut s’activer en cas de décès d’un joueur sous contrat, ou d’une blessure grave concernant le gardien de but titulaire ou son remplaçant, ou enfin lorsqu’un joueur de champ, obligatoirement international français, contracte une indisponibilité d’au moins trois mois au moment de sa sélection.
À la lecture de ces éléments, l’AS Monaco ne pourra pas faire appel à un joker médical stricto sensu. Elle a cependant la possibilité de recruter un joueur libre ou bien un joker simple à condition qu’il évolue en France. Si Monaco ne bouge pas, il faudra alors attendre potentiellement le mercato d’hiver qui ouvrira ses portes le 1er janvier 2024. Mais l’ASM devrait alors faire vite, car faire de Jakobs le nouveau titulaire au poste comporterait un autre écueil : la CAN 2023. Entre janvier et février 2024, il est probable de le voir participer à la Coupe d’Afrique avec le Sénégal, champion en titre, alors qu’il n’est absolument pas certain que Caio soit rétabli à cette période de l’année. Voilà qui va donner du grain à moudre du côté des dirigeants asémistes.