L’irrégularité chronique de l’ASM cette saison lui coûte pour l’instant la deuxième position du Championnat et la place même en dehors des places qualificatives pour la prochaine Ligue des champions (5e). Mais il est une inconstance dont les supporters monégasques se seraient bien passés ces dernières semaines : sur les quatre derniers matches (1 victoire, 1 nul, 1 défaite et 1 élimination en Coupe), Monaco a encaissé six buts et les six l’ont été sur coups de pied arrêtés !
Adi Hütter avait pourtant déclaré en fin de préparation estivale : « Nous devons travailler sur les coups de pied arrêtés, car nous en avons beaucoup trop encaissé la saison dernière. Nous devons bien sûr améliorer ça. » Les progrès ne sont pas trop visibles depuis (14 buts sur 36 sur phases arrêtées toutes compétitions confondues) et la tendance s’accélère récemment. Sur l’enchaînement du Havre (1-1), de Rouen (1-1, 5-6 aux t.a.b.), de Nice (3-2) et de Toulouse (1-2), il y en a eu deux sur coup franc indirect, deux à la suite d’un corner, un sur penalty et un sur coup franc direct. Analyse du plus récent au plus ancien de la série.
Balogun se manque, mais pas que…
Monaco-Toulouse (1-2, 70e)
Monaco s’est incliné face à une équipe à la lutte pour le maintien en pliant sur un corner tiré depuis le côté droit. Folarin Balogun a été en première ligne des acteurs critiqués en ne repoussant pas le ballon au premier poteau qu’il devait protéger. L’Américain a essayé de mettre la poitrine mais a réagi trop tard. Il n’est toutefois pas le seul à blâmer puisque Logan Costa a pu, derrière, reprendre le ballon du droit sans opposition.
Au départ du corner, Youssouf Fofana est au marquage de Costa et se positionne face au Toulousain, donc sans voir le ballon. Il s’agit du seul joueur dos au jeu dans la surface.
Quand Costa fait un (léger) contre-appel en allant vers le premier poteau, Fofana est ainsi contraint de se retourner, et c’est là qu’il perd ses appuis et glisse (masqué par le 2, Nicolaisen sur l’image).
Quand le ballon atteint le point de penalty, l’international français est ainsi en retard pour empêcher son vis-à-vis de marquer. Un but d’autant plus regrettable que Sierro a reconnu après la rencontre avoir plutôt mal tiré ce corner.
Köhn ne l’a pas vu venir
Monaco-Toulouse (0-1, 41e)
Toulouse hérite d’un coup franc à 35 mètres du but monégasque, excentré côté droit. Vincent Sierro a préparé son coup en observant des vidéos de l’ASM et sait déjà qu’il va tenter de tirer directement.
Philipp Köhn, lui, anticipe un centre. Il ne place d’ailleurs que le seul Maghnes Akliouche dans le mur pour gêner le tireur.
Le ballon passe au-dessus d’Akliouche et il est trop tard pour Köhn afin de sortir le ballon sur sa gauche. Celui-ci passe entre le Suisse et son poteau.
Köhn a hésité, Salisu a subi
Nice-Monaco (2-2, 74e)
Au moment d’affronter Nice à l’Allianz Riviera, l’ASM n’a plus cédé sur corner depuis son déplacement au Parc des Princes. Là encore, le coup de pied arrêté est tiré depuis son côté gauche.
Köhn est auteur d’une hésitation coupable. Il entreprend de sortir puis se fige sur ses appuis, soit en jugeant qu’il ne pourra pas avoir le ballon dans les airs, soit en estimant mal la trajectoire du corner. Dès lors, le gardien monégasque se retrouve à contretemps, ne pouvant plus intervenir sur sa ligne.
Mohammed Salisu est bien présent au marquage, mais il perd son duel aérien avec Evann Guessand. Les duels, un autre mal récurrent des Rouge et Blanc.
Kehrer, une mauvaise manie
Nice-Monaco (1-1, 37e)
Sur ce but, l’analyse du coup de pied arrêté est assez limpide et permet de se passer des images : Gaëtan Laborde a marqué sur penalty en prenant à contre-pied Köhn sur son côté droit. Mais la genèse de ce penalty n’est pas inintéressante à préciser. Thilo Kehrer est pris de vitesse sur un long ballon dans son dos en direction de Tom Louchet et, derrière le Niçois, a le tort de le pousser dans le dos de son bras gauche. La faute n’est pas énorme mais suffisante et elle sanctionne une mauvaise habitude de l’Allemand. Contre Lens (2-2, 6-5 aux t.a.b.), il était aussi pris de vitesse par Elye Wahi, avait mis le bras, mais n’avait pas été sanctionné d’un penalty, ce que les Nordistes avaient fermement regretté.
Fofana et Zakaria passifs
Rouen-Monaco (1-1, 45e+5)
Toute la défense asémiste est en place. Fofana est au marquage du numéro 5 adverse, Valentin Sanson.
Le ballon arrive juste devant la surface et plusieurs joueurs sont à la retombée. Salisu est dominé par Sofyane Bouzamoucha, qui dévie le ballon de la tête. Fofana n’a pas suivi Sanson, qui se retrouve libre sur le deuxième ballon. Et Zakaria ayant reculé, il couvre le futur passeur décisif.
Sanson a pu contrôler le ballon du droit et le remet du gauche à Clément Bassin, le troisième défenseur central rouennais impliqué dans l’action. Zakaria ne peut contrer le buteur alors qu’il a décroché, laissant tous ses adversaires en jeu, pour être en situation d’intervenir.
Köhn et Fofana, la mésentente
Monaco-Le Havre (1-1, 65e)
Un coup franc du HAC à 30 mètres retombe dans la surface monégasque. Aucun adversaire n’est placé entre tous les Azuréens qui courent vers leur but, les Havrais sont seulement dans leur dos.
Fofana tend la jambe en l’air et reprend le ballon des crampons, qui vient se loger dans son propre but. La logique aurait voulu que le milieu international n’intervienne pas pour laisser son gardien capter tranquillement le ballon, qu’il soit seulement en protection vis-à-vis des Normands. Mais Köhn ne lui a peut-être pas parlé pour le prévenir de sa sortie…
Un coup franc à une trentaine de mètres du but, pas très excentré, qui arrive dans la surface asémiste : une action similaire au but encaissé contre Rouen et à celui face à Rodez (3-1) au tour précédent de Coupe de France, où Kehrer avait lâché le marquage sur le buteur aveyronnais et Fofana avait couru à côté de lui sans chercher à intervenir. L’ASM a encaissé le quatrième but sur coup franc de sa saison, cette fois direct, contre Toulouse dimanche. Elle avait donc résisté sur cette phase précise toute la phase aller et même jusqu’à fin janvier. Mais depuis, c’est une vraie faille : les quatre sont regroupés sur les six derniers matches.