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Quand la bande à Jardim terrassait Arsenal

Pour un supporter monégasque, un déplacement à Londres est le plus souvent synonyme de bons souvenirs. Entre l’asphyxiante demi-finale retour de Ligue des champions 2004 disputée face à Chelsea (2-2), où encore la victoire contre Tottenham (2-1) à Wembley pour entamer sa belle épopée de 2017, ce ne sont pas les performances de choix qui manquent. Mais parmi les plus marquantes de ces dix dernières années, impossible de passer à côté de celle de la bande à Leonardo Jardim en 2015, sur le terrain de l’Emirates Stadium. 

Ce soir-là, le 25 février, l’AS Monaco a réalisé un petit exploit en allant battre Arsenal (3-1) en huitième de finale aller. Les Asémistes avaient pourtant déjà eu le scalp des Gunners quelques mois plus tôt, avec une victoire en amical (1-0) lors de l’Emirates Cup, quand Radamel Falcao n’avait pas encore mis à exécution ses envies d’ailleurs. Mais la Ligue des champions est un monde à part, qui peut faire basculer un simple match dans une grâce inouïe. Arsenal-Monaco, rester un moment inoubliable pour les nombreux supporters des Rouge et Blanc présents dans un parcage incandescent, tandis que pour les autres, ceux assis dans leur canapé, stressés devant leur écran, résonnent encore les « Allez mon petit » exaltés de Christophe Josse et Éric Di Meco quand Yannick Ferreira-Carrasco s’en est allé tromper Walter Benitez une troisième fois dans la soirée.

Ce soir-là, de nombreux observateurs ont pu constater qu’il y avait du talent à Monaco, l’émergence d’une génération dorée, incarnée notamment par un certain Bernardo Silva, qui depuis 2017 fait les beaux jours de Manchester City. Il y avait aussi Fabinho, qui a par la suite brillé avec Liverpool. Le latéral droit brésilien était monté d’un cran au milieu de terrain et avait bluffé tout son monde, à un poste qu’on n’imaginait pas. Et puis il y avait aussi le vieux loup, Dimitar Berbatov, dont les belles années anglaises étaient déjà derrière, auteur du deuxième but sur un service d’Anthony Martial, qui ira plus tard à Manchester United comme son aîné.

Parce que ce match avait quelque chose de spécial, il fallait aussi y ajouter l’émotion des retrouvailles. 20 ans après avoir quitté le Rocher, Arsène Wenger, devenu une légende d’Arsenal, retrouvait pour la première fois le club qui lui avait permis de faire décoller sa carrière, en en devenant aussi une légende. On se rappellera du dépit de l’Alsacien après la défaite, de sa réaction épidermique de mauvais perdant, mais on préfèrera se souvenir de la joie de son confrère Leonardo Jardim, courant de toutes ses forces le long de la ligne de touche pour aller célébrer le dernier but avec ses joueurs. 

Presque dix ans après, le retour dans cette enceinte est forcément particulier, presque comme une sorte de pèlerinage. Il y a la joie de revenir à Londres comme d’autres se rendent à Compostelle, en espérant vivre une nouvelle expérience qui confine au mystique. Cette fois, les Ferreira-Carrasco et les Bernardo ont passé le flambeau aux Maghnes Akliouche et Eliesse Ben Seghir. À eux désormais de rendre ce match inoubliable.

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