Ce dimanche (14h45), l’AS Monaco se déplace dans le Sud-Ouest pour affronter l’Union Saint-Jean. Une équipe qui évolue en Régional 1, cinq échelons en dessous de l’ASM, et contre laquelle il faudra éviter toute mauvaise surprise.
On ne présente plus le charme particulier, parfois un peu désuet, de la Coupe de France. Celui où le temps de 90 minutes, quelques fois un peu plus, des équipes d’amateurs tentent de rivaliser avec ceux qui les font rêver, vibrer, et basculer dans le monde de ceux qu’ils regardent chaque week-end avec les yeux de Chimène, un monde qui, pour la plupart, s’est refusé à eux et leur a fermé ses portes. C’est tout cela qui ressortira lorsque les joueurs de l’Union Saint-Jean fouleront la pelouse du Stadium de Toulouse ce dimanche pour affronter l’AS Monaco. Pour faire comme les grands, déjà, et pour, pourquoi pas, créer un exploit. Il suffisait, pour s’en convaincre, de voir les embrassades et les cris de joie au moment du tirage au sort : dussent-ils sortir face aux Monégasques que les Unionais ont déjà tout gagné. Parce qu’il s’agit là de la chance d’une vie et que celle-ci repasse rarement.
Dans le calme de la Principauté, loin de l’euphorie, de cette attente électrique et extatique qui n’attend que de porter en triomphe ses héros locaux au terme d’une partie digne des combats de gladiateurs les plus épiques, l’ambiance est tout autre. Pendant que Toulouse se prépare à la fête, Monaco doit se préparer à gagner, comme il essaie de le faire chaque semaine, de façon immuable, organisée, calibrée, comme le club professionnel qu’il est. Sans effusion et dans la plus grande normalité. À travers l’AS Monaco, c’est un autre monde qui se présente et à travers cette rencontre, c’est l’entrechoquement de deux footballs qui n’ont plus grand-chose en commun. À l’occasion de ce 32e de finale de Coupe de France, il est toujours facile de tirer sur la corde sensible du combat de David contre Goliath, de donner des leçons sur ce football d’en haut coupé de sa base, parfois trop plein d’assurance quand il n’est pas départi d’une certaine morgue. Mais c’est précisément dans cet excès de vanité, ce péché d’orgueil, que les amateurs ont une chance.
Cet écueil, les Monégasques savent qu’ils devront l’éviter. Personne ne comprendrait qu’ils passent à la trappe, ou plutôt, tout le monde ne le comprendrait que trop. Avant de se déplacer en Haute-Garonne, les discours des Rouge et Blanc ont été empreints de prudence. « Il ne faut rien prendre à la légère », disait Lamine Camara. « Je m’attends à ce que nous abordions ce 32e de finale de la même manière qu’une rencontre de championnat ou de Ligue des Champions », renchérissait Adi Hütter. L’ASM n’a pas d’autre choix que de faire valoir sa supériorité de façon éclatante, superbe, quitte à paraître cruelle et froide en brisant le rêve de milliers de gens. Elle le doit à ses supporters, qui n’en attendent pas moins, et à elle-même pour se rassurer après des dernières semaines difficiles. Mais quand résonnera le sifflet du coup d’envoi, ce ne sera plus que l’histoire de onze hommes un peu meilleurs face à onze autres un peu moins bons tentant de se disputer un ballon rond. Une histoire vieille comme le monde, en somme.