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Doha d’honneur

L’année civile débute par un drôle de challenge. Pendant que 16 équipes de Ligue 1 se jouent entre elles dans le froid hivernal de l’Hexagone, l’AS Monaco, sous le soleil de Doha, a une chance, peut-être unique cette saison, de remporter un trophée, en affrontant le PSG lors d’un match sans filet du Trophée des champions. Une rencontre qui provoque de nombreuses résistances chez les supporters.

Ce n’était pas comme ça que cela devait se passer, mais c’est ainsi qu’ils vont se retrouver. Monégasques et Parisiens auraient déjà dû régler la question du Trophée des champions début août, sauf que l’administration chinoise en a décidé autrement. Les deux équipes auraient ensuite dû avoir quelques mois de battement avant de se recroiser en janvier, puis en février. Oui mais voilà, le calendrier est ainsi fait et les Monégasques doivent affronter le PSG à trois reprises en moins de deux mois, dans un timing serré et échevelé. La première des trois oppositions n’a pas tourné en faveur des Rouge et Blanc, qui s’étaient assez logiquement inclinés à domicile (2-4). Une défaite qui a eu pour conséquences de remettre l’ASM a sa place, c’est-à-dire somme toute assez loin de son concurrent. Un écart qui se chiffre à dix points après seulement 16 journées de championnat, ce qui est déjà trop.

La perspective de remporter un titre peut-elle permettre aux joueurs d’Adi Hütter de faire mieux ? Il faut le souhaiter, car autrement, le reste de la saison n’aura sans doute pas beaucoup d’intérêt et de suspense à faire valoir. Surtout, les Monégasques auront un atout qu’ils n’avaient pas mi-décembre puisque leur capitaine Denis Zakaria était blessé. Le Suisse fait son retour à l’occasion de cette rencontre et cela peut changer beaucoup de choses, tant sa présence transforme l’équipe. Il faudra au moins cela pour lutter face au milieu du PSG. « Tout le monde sait que le milieu de terrain du Paris Saint-Germain est un des meilleurs en Europe, a noté Hütter. Ce secteur de jeu peut être décisif dans le match de demain (dimanche). » Et Zakaria aura lui aussi une motivation peut-être décuplée à l’idée de pouvoir remporter son premier trophée en carrière.

Reste que la distance qui sépare Doha, où se joue le match, à la Métropole (5 000 km) semble au moins aussi grande que celle qui sépare l’engouement autour de celui-ci du cœur des supporters. Ce match ne passionne pas les foules et dans les rangs monégasques, nombreux sont ceux à soutenir la position exprimée à coups de banderoles par les Ultras de la Principauté ces dernières semaines réclamant d’« envoyer les U13 », ou à avoir choisi de la boycotter purement et simplement. Des griefs principalement exprimés contre la LFP, qui donne le sentiment, à travers de nombreux épisodes récents, de manger dans la main de l’état actionnaire du club adverse, en organisant le match « chez lui » tout en le laissant sponsoriser l’événement. Comme une ultime provocation, volontaire ou non, l’entraîneur parisien Luis Enrique a affirmé que se rendre à Doha était « comme aller à la maison ». Il ne croit pas si bien dire.

La position exprimée par les supporters monégasques ne semble cependant pas avoir trouvé d’écho au sein du club et le match a été préparé comme si de rien n’était, si ce n’est que les Rouge et Blanc se sont rendus sur place trois jours plus tôt. Dans sa communication, pas la moindre ombre au tableau et des joueurs plutôt heureux d’être à Doha pour jouer cette rencontre. Fallait-il faire une esclandre, alors que beaucoup reprochent à l’ASM, qui avait affiché sa préférence pour que le Trophée des champions se tienne en Côte d’Ivoire, de se soumettre à son tour ? Ni Adi Hütter, ni Denis Zakaria n’ont regretté publiquement cette programmation, samedi, en conférence de presse. Il faut dire que le Qatar, grâce à ses moyens illimités et son argent qui coule à flots, sait recevoir ses hôtes dans le plus grand confort, et la destination est appréciée chez les footballeurs. La rencontre devrait d’aileurs rapporter 500.000 euros au club de la Principauté par le biais du contrat de sponsoring de « Visit Qatar ». Un silence pas cher payé. Mais si l’ASM venait à s’imposer, il y a fort à parier que beaucoup le verront comme un joli pied de nez fait aux instances… ou un doigt d’honneur, pour les plus rebelles.

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