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Les déboires monégasques face à l’Inter

« J’ai découvert ce mythique stade Giuseppe-Meazza il y a quelques minutes, car c’est ma première fois ici, et je dois dire qu’il est très impressionnant. » En conférence de presse mardi soir, Maghnes Akliouche s’est laissé aller à quelques confidences à propos de l’écrin qui accueillera la dernière rencontre de de l’AS Monaco en phase de ligue de la Ligue des champions, face à l’Inter Milan. Ce sentiment, d’autres Monégasques l’ont sans doute vécu.

L’équipe qui allait devenir championne de France en 1997, venue jouer une demi-finale aller de Coupe de l’UEFA, a probablement été impressionnée devant un tel édifice, mais celle de 1963, auréolée des deux titres hexagonaux la saison précédente, sans doute un peu plus encore face à ce mastodonte vertigineux de béton, peu commun pour l’époque.

Pour Akliouche et ses coéquipiers, les enjeux de cette rencontre seront bien moins importants que ceux de leurs prédécesseurs, puisque les deux équipes sont déjà qualifiées pour la suite de la compétition, et il faut aussi espérer que les déconvenues et les regrets le soient aussi. Car à chaque fois qu’une délégation asémiste s’est rendue du côté de Milan, elle en est revenue corrigée.

1963 : Monaco plie face au verrou intériste

Au début des années 1960, la Grande Inter est en train de se construire en même temps que son prestige et sa réputation. L’autre monument local, le rival de l’AC Milan, vient de remporter sa première Ligue des champions (1963) et l’Inter ne peut pas rester les bras croisés. Sous la houlette du génial franco-argentin Helenio Herrera, qui a popularisé le catenaccio et l’a adapté avec succès à la deuxième équipe lombarde, les Intéristes remporteront leur toute première Ligue des champions la saison suivante, en 1964. Au cours de ce parcours, il y aura bien entendu quelques victimes, et l’ASM en fut l’une d’elles.

Un soir froid et brumeux de novembre, sur un terrain qui ressemble à un bourbier, les Monégasques redécouvrent l’Europe et se frottent à ce qui se fait de mieux sur la scène continentale. Sur une confrontation à élimination directe en match aller/retour, le Biscione impose sa loi (0-1, 1-3) mais les hommes de Roger Courtois, successeur de Lucien Leduc, ne déméritent pas. Ils ne perdront que d’un but après 90 minutes âprement disputées, Ciccolo marquant après l’heure de jeu. « Ils étaient nettement plus forts », reconnaîtra le défenseur monégasque Marcel Artelesa. Comme toutes les équipes italiennes à l’époque, trop fortes pour les écuries françaises.

Débats musclés entre Monaco et l’Inter. Crédit photo : Inter Milan

1997 : Quarante-cinq minutes en enfer

Pour un certain nombre de supporters, l’AS Monaco version 1996-1997 a été l’une des plus grandes équipes de l’histoire du club. La formation de Jean Tigana roule sur le championnat et la tentation pour que cela se reproduise sur la scène européenne est grande. Cette fois, on ne parle pas de la Coupe aux grandes oreilles mais de sa petite sœur, la Coupe de l’UEFA. Les Monégsques se sont hissés au stade des demi-finales et ils y retrouvent l’Inter de Youri Djorkaeff. Sans être favoris, les Rouge et Blanc ne sont pas non plus David se préparant à affronter Goliath.

Pourtant, Monaco se rate dans les grandes largeurs sur la première manche (1-3), mené par un doublé de Ganz et une réalisation de Zamorano après seulement 40 minutes de jeu, et subissant un pressing d’enfer. Gérard Ejnès, journaliste à L’Équipe, aura ces mots au lendemain du match, renvoyant à ces années 60 et ultérieures : « La première mi-temps de notre grand champion fut une pure horreur, un torrent de naïveté se déversant dans un fleuve avide de l’engloutir, de le dévorer, un véritable et désagréable bain de jouvence faisant remonter à la surface des époques que l’on espérait révolues, quand le Calcio était pour nous une autre planète. »

Si les Monégasques commettent de trop nombreuses erreurs en première période, des « erreurs de juniors » comme les qualifiera le capitaine du soir Emmanuel Petit, ils ne sont pas non plus les seuls responsables de ce crash en bande organisée. L’arbitre du soir, le Belge Michel Piraux, auteur d’une erreur inadmissible sur le premier but, puisque le ballon n’était pas arrêté au moment du coup franc, donnera un aperçu de ce que sera l’arbitrage au retour, où les Monégasques crieront ni plus ni moins qu’au « vol ». Et le superbe but de l’espoir inscrit par Victor Ikpeba à San Siro ne suffira pas.

Fabien Barthez s’incline une première fois face à Maurizio Ganz. Crédit photo : Inter Milan

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