Après avoir infligé à Nantes la pire défaite de son histoire, samedi, l’AS Monaco doit maintenant s’attaquer à une montagne. Ils vont devoir renverser Benfica au stade de la Luz, en barrage retour de la Ligue des champions. Mais il faudra innover et ne pas calculer.
Monaco est dos au mur. Adi Hütter le sait, puisque c’est lui-même qui a utilisé cette expression après la victoire contre Nantes, samedi, en se projetant sur cette rencontre face à Benfica. Battus à domicile 1-0 au cours de la manche aller, les Rouge et Blanc savent qu’ils vont devoir jouer leur va-tout dans cette deuxième confrontation et livrer toutes leurs forces dans la bataille. Dans un stade où l’ASM ne s’est jamais imposée, où elle a même vécu l’une des plus grandes déceptions de son histoire, battue un soir de mai 1992 en finale de la Coupe des vainqueurs de Coupes par le Werder Brême (0-2), et qui sera chauffé à blanc par 60 000 âmes furieuses, il faudra montrer du caractère et apporter une véritable réponse.
La victoire contre Nantes n’a pas totalement rassuré, et cela pour une raison : les Canaris ont joué à 10 contre 11 pendant près de 90 minutes, et ils menaient très tôt au score lorsqu’ils comptaient le même nombre de joueurs sur le terrain que les Monégasques. Qu’importe, pour Thiago Scuro, « les joueurs ont répondu » après la défaite contre Benfica de mercredi mais la vraie réponse est véritablement attendue ce mardi. À l’aller, les joueurs de la Principauté ont limité la casse en n’encaissant qu’un seul but, et l’addition aurait pu être bien plus salée. Après l’exclusion de Moatasem al-Musrati, ils ont joué avec le frein à main, acculés dans leur camp. Un choix stratégique assumé de la part d’Hütter pour garder les options ouvertes pour la deuxième manche : « Si c’était la manche retour, j’aurais évidemment pris plus de risques en fin de match. Mais il y a un deuxième round à Lisbonne, donc je devais préserver nos chances en ne concédant pas de deuxième but », avait-il lancé après le match.
Prendre de plus de risques, au-delà même du raisonnable, Monaco sait faire, et va certainement afficher cet état d’esprit dès que le coup d’envoi sera donné par M. Nyberg. Mais avec quels joueurs, ça, c’est encore un grand mystère. Les absents seront légion encore une fois, et surtout au milieu de terrain. Seul Lamine Camara est apte à évoluer dans l’entrejeu, tout en présentant les garanties pour jouer un match de ce niveau et de cet enjeu. Le reste ne sera que pari pour Adi Hütter. Mamadou Coulibaly a rejoué ses premières minutes contre Nantes, plus de huit mois après sa grave blessure au genou gauche contre cette même équipe en mai dernier. Il fait partie des options, comme nous l’a confié le coach autrichien, mais on l’imagine mal débuter une rencontre de cette importance et de ce niveau avec seulement une dizaine de minutes dans les jambes. Edan Diop n’a pas joué la moindre minute non plus cette saison et n’est même plus régulièrement dans le groupe.
Il faudra donc innover, faire peut-être monter un défenseur, comme Thilo Kehrer ou Wilfried Singo, qui revient à peine de blessure, ou alors faire jouer un cran plus bas un milieu offensif. Maghnes Akliouche, par exemple, a déjà joué dans un milieu à trois avec l’équipe de France Espoirs de Thierry Henry. Mais il en faudrait un troisième si cette option venait à être choisie, et elle pourrait s’appeler Takumi Minamino. Cette perspective ne semble pas inciter à l’optimisme, mais ce serait oublier que Monaco n’a pas toujours écrit les plus belles pages de son histoire avec son équipe type ou ses meilleurs joueurs à leur bon poste. Didier Deschamps n’avait-il pas dû composer un milieu totalement inédit pour terrasser le Real Madrid en 2004 ? Et en 2015, Leonardo Jardim n’avait-il pas dû lui aussi innover dans sa composition contre Arsenal en plaçant Fabinho au milieu, sorte d’épiphanie pour ce qui deviendrait le poste de sa révélation et de son explosion deux ans plus tard ? L’exploit ne se mesure pas seulement à l’aune de la différence de valeur entre deux équipes. Il s’apprécie aussi par les choix et les compromis qui marquent une rencontre avant même qu’elle ne commence.