Majecki, la boulette de trop ?

« Nous ne pouvons pas concéder des buts comme cela », avait pesté Adi Hütter après Toulouse. Non pas le match de Toulouse qui s’est tenu vendredi dernier et qui a vu l’AS Monaco concéder un match nul (1-1) après une mésentente entre Radoslaw Majecki et Thilo Kehrer dont a profité Frank Magri. Non, il s’agissait du match contre Toulouse du 18 février 2024, celui qui avait été le dernier de Philipp Köhn dans la peau d’un titulaire, après que le Suisse a encaissé un nouveau but casquette. Vendredi soir, l’Autrichien a peu ou prou réagi de la même façon (« Concéder ce but de cette manière, ce n’est pas possible »), à ceci près qu’il a cette fois directement mis en cause son portier.

Il y a un peu plus d’un an, Hütter avait fait un choix fort en décidant de remplacer la friable recrue Köhn, dont les erreurs avaient coûté cher à Monaco. Il serait cocasse, pour ainsi dire, qu’une autre confrontation face aux Violets soit le théâtre d’un nouveau chambardement dans la hiérarchie à ce poste, et on peut se demander si l’entraîneur asémiste fera preuve d’une aussi grande fidélité envers le portier polonais que Thiago Scuro à son égard. Mais alors que l’ASM doit tout donner dans ce sprint final, elle qui n’est pour l’instant pas assurée de disputer la phase de ligue de la Ligue des champions (quatrième, deux points derrière Nice), il n’y a plus de place pour les tergiversations et Hütter va devoir trancher dans le vif, si c’est sa volonté.

Une confiance écornée avec la défense ?

Depuis le début de la saison, Majecki n’a pas confirmé les attentes placées en lui, celles confortées par un nouveau contrat jusqu’en 2028, et les performances de haute volée réalisées lors de la deuxième moitié de la saison 2023-2024 n’ont jamais trouvé de suite. Il est vrai que la présaison de l’ancien du Legia Varsovie a été contrariée par une entorse à une cheville, et il faut rappeler qu’une blessure aux adducteurs l’a aussi empêché d’enchaîner après une prestation paradoxalement bonne contre Arsenal malgré trois buts encaissés (0-3, le 11 décembre). Mais à l’exception d’une performance remarquable contre Aston Villa (1-0, le 21 janvier), le reste de ses prestations est un ton en dessous de ce qui lui avait permis de chiper la place de numéro 1 quand il n’y a pas des erreurs parfois grossières (Strasbourg, Rennes et Paris par exemple).

Ce qui faisait la force de Majecki la saison passée, outre les arrêts que n’effectuait pas le titulaire du poste, était son assurance, sa capacité à s’imposer dans sa surface et commander la défense, là où Köhn avait encore du mal à donner de la voix. C’est notamment sur ce dernier point que les signaux envoyés par le match à Toulouse sont particulièrement inquiétants. Le Polonais s’est montré fébrile dans ses sorties, ses anticipations et les mésententes avec le capitaine Thilo Kehrer ont été fréquentes. Il y a bien sûr eu le but concédé, qui a symbolisé ce problème, mais pas seulement, avec notamment un télescopage entre les deux joueurs sur une phase arrêtée.

Plus d’une fois, le défenseur allemand a semblé frustré de cette mauvaise communication et celle-ci persistante, a trouvé un prolongement logique sur le but encaissé. Elle dénote du manque de confiance de Majecki sur une situation qu’il doit juger avec plus de lucidité. « Il a deux possibilités : attendre entre ses poteaux parce que Thilo est en bonne position ou sortir. S’il décide de sortir, il doit dégager ce ballon », enrageait Hütter après ce match. Cette mauvaise connexion, cette absence d’osmose entre le gardien et son défenseur peut aussi être vue comme le symbole d’une confiance fragilisée, et si c’est bel et bien le cas, alors un changement n’aura rien de surprenant.

Un enjeu du prochain mercato ?

Si Majecki avait été capable de prendre la place de son concurrent la saison précédente, c’est parce que ses performances, limitées au strict périmètre de la Coupe de France, avaient interpellé, et d’une certaine manière, forcé la main à son entraîneur. Ce n’est pas le cas de Köhn, même si son intérim a été plutôt bon. Les chiffres parlent pour lui, surtout en début de saison lorsque la défense monégasque était véritablement hermétique. À cela, il faut ajouter une grosse performance contre Paris lors du Trophée des champions (0-1, le 5 janvier) où il n’avait cédé qu’en fin de rencontre. Mais le niveau affiché par le Suisse n’est pas non plus incontestable au point de le remettre sur le rectangle vert.

Reste donc à terminer cette saison. S’il y a une décision à prendre de la part du staff technique, elle consistera à aligner le meilleur onze possible sur les neuf matches encore à disputer et si celui-ci estime que le plus à même de garder le but monégasque est l’actuel numéro 2, soit. Mais ce ne sera, à ce moment de la saison, qu’une stratégie de court terme et du « moins pire ». Car ni Majecki, ni Köhn n’ont montré qu’ils pouvaient répondre aux exigences de la C1, niveau auquel l’ASM souhaite évoluer. Avec deux portiers sous contrat jusqu’en 2028, la gestion n’aura rien de simple pour la suite. Mais une certitude s’impose : Monaco aura besoin d’un numéro 1 solide et un recrutement en ce sens est plus que nécessaire.

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