Dans le long entretien qu’il a accordé à L’Équipe, Adi Hütter a défendu son bilan à la tête de l’AS Monaco, mais il a aussi accepté d’évoquer son management. Sans aller jusqu’à dire qu’il a pu être contesté en interne, l’Autrichien a pu faire certains choix qui ont fait l’objet d’interrogations et d’incompréhensions dans le vestiaire monégasque, selon certains bruits remontés par des agents de joueurs. « Je sais que les agents ne sont pas heureux quand leurs joueurs ne sont pas sur le terrain, a répondu Hütter. Dans un monde idéal, j’aimerais voir chaque joueur dix ou quinze minutes tous les jours. Mais c’est impossible. Je peux comprendre que les joueurs peuvent attendre un peu plus, mais quand vous jouez tous les trois jours, ce n’est pas évident d’avoir du temps pour chacun. »
La question de la communication, ou plutôt du manque de communication, en particulier avec les jeunes joueurs, semble constituer un des points d’achoppement. Le technicien monégasque a paru touché par cette critique : « Pour moi, ça n’a aucune importance si un joueur est jeune, expérimenté ou entre les deux. Par la force des choses, vous parlez plus avec vos leaders, mais il faut voir le nombre de fois où je parle à Eliesse (Ben Seghir) ou Maghnes (Akliouche). Et il y a des joueurs qui ne veulent pas trop parler. D’autres qui veulent plus savoir les choses, avec qui cela prend plus de temps. Après, oui, on peut toujours faire mieux dans son travail. Mais j’ai l’impression qu’en matière de communication, j’ai fait du mieux possible. (…) Dire que je ne suis pas très bon dans la communication, c’est me donner un coup derrière la nuque, parce que je pense que l’une de mes forces, c’est justement de communiquer avec les joueurs. »
« Se plaindre ne sert à rien »
L’ancien entraîneur de Salzbourg et du Borussia Mönchengladbach ne semble pas avoir bouleversé sa méthode et sa façon de gérer son groupe : « Peut-être que cette année, je suis un peu plus doux. Franchement, je ne sais pas… C’est difficile de dire si j’ai changé mon management. Il faudrait le demander aux autres personnes au club. J’ai l’impression que je fais toujours la même chose. » Cette saison, il n’a en tout cas pas hésité à critiquer Caio Henrique pour ses mauvaises performances : « Tous les joueurs ne sont pas les mêmes, mais tous les joueurs sont des êtres humains. Caio Henrique a un peu de mal. Après sa blessure, ça a pris trop de temps. Mais sur les 7 derniers matches, il a délivré 4 passes décisives. J’ai le sentiment qu’il est de retour à son meilleur niveau. »
Et d’expliquer ce qu’il attendait de ses joueurs, à savoir plus de travail et moins de doléances : « De quoi parle-t-on, là ? De performance. Si un joueur joue moins, c’est qu’il joue moins bien. Je suis là pour valoriser tous les autres joueurs s’ils s’entraînent bien et font de bons matches. En tant qu’entraîneur, j’ai une vue d’ensemble, alors que les joueurs n’ont parfois qu’une photo réduite de la situation. J’ai été un professionnel pendant vingt ans. J’ai aussi été sur le banc parce que mon coach n’était pas satisfait de moi. Mais j’ai travaillé dur, pour revenir, et c’est ce que j’attends de mes joueurs. Se plaindre ne sert à rien. Sois performant, fais tout ton possible sur le terrain, à l’entraînement, en match, et on verra. »