C’est peu de dire que Breel Embolo n’a pas brillé cette saison par son efficacité face au but. L’attaquant de l’AS Monaco a même été sous le feu des critiques pour avoir trop souvent étalé sa maladresse en différentes occasions. Mais le Suisse n’a jamais voulu se définir par ses seules qualités de buteur, comme il l’a rappelé dans un entretien donné conjointement à L’Équipe et Nice-Matin : « J’ai toujours entendu : « Pourquoi tu fais la passe ? » alors que j’étais en situation de frapper. Mais pour moi, une passe, ça a la même valeur qu’un but. Même l’avant-dernière passe peut débloquer une action. On juge les attaquants sur les buts et c’est normal, mais quand on parle d’aider l’équipe, je mets aussi ça très haut dans ma liste. »
Formé comme milieu de terrain, il reconnaît qu’il n’a pas forcément l’état d’esprit d’un attaquant obsédé par le fait de faire trembler les filets adverses et qu’il est bien plus altruiste qu’égoïste : « J’aime l’axe, être dans le cœur du jeu. (…) Ce qui n’a jamais changé, c’est mon état d’esprit, vouloir aider l’équipe. Le but était toujours la récompense, jamais l’inverse. C’est un peu ça mon problème, pour être l’attaquant que les gens souhaitent, il faudrait que je sois plus égoïste. (…) J’essaie de travailler sur ça : entrer sur le terrain et être le mec décisif. Marquer et gagner, faire les deux, c’est possible. C’est aussi une question d’ego. »
« Ce que je me reproche, c’est d’avoir eu deux idées au même moment »
Breel Embolo, sur son raté devant le but contre Benfica (le 18 février)
Embolo reconnaît qu’un bon exemple à suivre, c’est Ousmane Dembélé. Le Parisien, souvent décrié pour son manque de réalisme, affole les compteurs et a inscrit la bagatelle de 25 buts en 2025 : « J’ai un vidéo analyste qui travaille avec moi. On fait des retours de match souvent intenses. Le meilleur exemple pour moi, c’est Ousmane Dembélé. En début de saison, personne ne croyait en lui en termes de statistiques. Et ce qu’il réalise, ça montre que ça se travaille. Quand tu as le déclic, que tu entres dans un flow… Je l’ai eu ma première année ici (2022, 12 buts en L1). Avant ma blessure (en août 2023), mes statistiques n’étaient pas mal. »
Si l’attaquant de 28 ans accorde une aussi grande importance au fait de faire des passes, ses échecs devant le but peuvent aussi lui peser : « Un bon exemple, c’est mon occasion ratée à Benfica (en play-offs retour de la Ligue des champions). Ce que je me reproche, c’est d’avoir eu deux idées au même moment, et la deuxième, c’était de la redonner à Maghnes (Akliouche). Je le guette lui plutôt que l’occasion de but. À la fin, ça donne une frappe qui n’en est même pas une, entre la frappe et un lob. Je me souviens qu’à la mi-temps, je me parlais tout seul, j’étais fâché. C’est fou quand même d’avoir deux idées à ce moment-là alors que tu ne dois en avoir qu’une : prendre la balle, dribbler le gardien ou frapper. Si tu as cet instinct de killer, tu ne réfléchis même pas. »
« Il faut te récompenser toi-même pour que les autres te récompensent aussi. »
Breel Embolo
Forcément, ces occasions gâchées ont un impact sur sa perception par les supporters, qui ne l’ont pas épargné depuis le début de la saison. « Je n’ai pas besoin des critiques pour être plus motivé et me pousser. Quand je rentre sur le terrain, c’est pour faire gagner mon équipe. (…) Honnêtement, je ne trouve pas que ma saison est catastrophique. Ce que je peux me reprocher, c’est de ne pas me récompenser moi-même. Je comprends qu’on me juge : des fois, on voit mon apport mais on peut être déçu que ça ne soit pas abouti avec un but. Je vois les critiques comme positives, ça montre la qualité et les attentes. S’il n’y a aucune attente, il n’y a pas de critique. »
Et le Suisse de se montrer philosophe : « Il faut te récompenser toi-même pour que les autres te récompensent aussi. Il y a beaucoup de matchs où je n’ai pas eu cette récompense, contrairement à ma première saison. Quand tu débloques les choses, que tu es léger et que tu ne réfléchis pas trop, tout rentre comme tu veux. Cette saison, j’ai raté l’occasion de débloquer ce truc qui fait que si un ballon me tape sur la tête, il ira dans le but. Mais c’est toujours possible. J’essaie de ne jamais mettre mes intérêts personnels avant l’équipe, même si c’est sûr que c’est important de marquer. Mais je ne serai jamais content si je reste 90 minutes sans rien faire, sans gagner de duels, même si je marque un but à la 70e. »
Sources : L’Équipe et Nice-Matin