En se rattrapant contre Marseille de sa bévue à Brest une semaine plus tôt, Philipp Köhn a très certainement assuré sa place dans le but monégasque jusqu’à la fin de la saison.
Il a célébré tel un buteur qui venait de marquer un but important. La 42e minute de la rencontre entre Monaco et Marseille (3-0) aurait pu être un tournant de cette rencontre, mais il en a surtout été un pour le gardien monégasque, Philipp Köhn. Hésitant à plusieurs reprises sur des centres qui sont passés devant lui – celui d’Ulisses Garcia, à cet instant du match, n’a pas dérogé à la règle -, le portier suisse semblait alors perdu dans sa surface et l’Olympien Luis Henrique a vu devant lui s’ouvrir un boulevard pour marquer le but égalisateur juste avant la mi-temps. Par on ne sait trop quel miracle, le Brésilien totalement a raté sa reprise, laquelle est légèrement déviée par le retour en catastrophe de Köhn. Le ballon ne semblait pas cadré et l’intervention du gardien monégasque aurait tout aussi bien pu virer au drame en envoyant le ballon au fond de ses propres filets.
Le destin en a décidé autrement et les dieux du football, souvent capricieux – surtout à Brest une semaine plus tôt -, avaient cette fois décidé de se pencher plus positivement sur le gardien du Rocher, en lui accordant un léger coup de pouce. « Il y a forcément une part de chance aussi là-dedans, a-t-il reconnu après le match en zone mixte. Tout va très vite à ce moment et c’est quelque chose qu’il est difficile de travailler à l’entraînement. Alors on essaye de prendre la bonne décision, et j’ai choisi de dévier tout doucement le ballon à côté du but. » Quoi qu’il en soit, ce premier « arrêt » a eu le mérite de chasser le doute dans son esprit, alors que les 40 premières minutes semblaient montrer un joueur encore en quête d’une confiance égarée sur les terres finistériennes.
L’ancien gardien du RB Salzbourg a pris ensuite l’ascendant sur les attaquants adverses. Devant Greenwood d’abord, avec une intervention peu académique et une frappe repoussée du torse, mais surtout devant Gouiri. Sur cette tentative, Köhn n’a pas laissé le hasard se charger de tout, même s’il reconnaît là encore une petite part de chance : « Ça va très vite à ce moment-là ! Il faut alors attendre le bon moment, dans la bonne position, pour pouvoir intervenir. Pour Thilo (Kehrer), il était trop difficile d’intervenir, donc je déclenche vite, et dans ce cas il faut aussi un peu de chance pour aller la chercher. » Reste que la parade du Suisse est exceptionnelle et précieuse. Elle n’a pas fait gagner de points, mais elle a évité une fin de match avec le risque d’en perdre.
Hütter lui a maintenu sa confiance
Mais si sa joie était encore plus expansive que sur l’occasion de Luis Henrique, parce que selon lui, c’est « comme marquer pour un gardien », cela s’explique sans doute par le poids qui s’est soudainement envolé de ses épaules. Car le Suisse n’a pas caché que sa semaine n’avait pas été bonne après sa boulette à Brest : « C’était une longue semaine pour moi, assez difficile je dois avouer. » S’il n’a que rarement affiché un très haut niveau cette saison, lorsqu’il a assuré l’intérim de Radoslaw Majecki à deux reprises, il avait jusqu’alors réussi à éviter les fautes de main dont il était coutumier la saison passée. Et peu de temps après avoir été relancé par Adi Hütter, une erreur faisait mauvais genre.
On aurait d’ailleurs pu s’attendre à voir l’entraîneur de l’ASM rétropédaler face à l’échec de son pari, surtout que la confirmation du gardien dans le but avait été franchement timide de la part du technicien. Hütter a finalement tranché et l’a maintenu dans le onze. Sortir cette performance à ce moment était donc essentiel, pour montrer qu’il ne s’était pas trompé : « Philipp a su parfaitement rebondir, il nous a sauvés de situations compliquées en réalisant de très beaux arrêts, s’est réjoui l’Autrichien devant la presse. Ce n’était pas simple pour lui. (…) Il est clair qu’il a commis une erreur à Brest mais à côté de ça, il nous a sauvés face à Luis Henrique et Amine Gouiri de manière fantastique. »
Dans ce qui ressemble à une stratégie du quoi qu’il en coûte, les destins des deux hommes sont désormais intimement liés, dans le succès comme dans l’échec, même s’il y a fort à parier que cet état de fait ne se prolongera pas au-delà des cinq matches restants. « On jugera aussi Hütter sur ce choix en fin de saison », disait Stéphane Porato dans Nice-Matin avant la rencontre. On ne saurait lui donner tort. L’ASM aura encore quelques rencontres difficiles à jouer sur cette fin de saison et avoir un gardien au niveau sera un enjeu crucial. Köhn le sait, Hütter aussi. Mais c’est probablement le second qui sait encore mieux que le premier n’a plus le droit de se louper.